Une épreuve au cœur du Jura : bienvenue à la Transju’Trail
Depuis plus de quinze ans, la Transju’Trail est devenue un rendez-vous incontournable pour les amateurs de course en montagne. Organisée chaque année au début du mois de juin, au creux du Parc naturel régional du Haut-Jura, cette épreuve attire des coureurs de toute la Suisse romande, de France voisine, et parfois bien au-delà. Avec en toile de fond les crêtes boisées du Jura, le Mont d’Or en gardien discret à quelques kilomètres, et des parcours adaptés à tous les niveaux, cette course nature conjugue effort, découverte et convivialité.
Habitant à Vallorbe, j’en entends parler chaque printemps : « Tu t’inscris cette année ? », « Tu vises quel parcours ? » ou plus simplement : « On va voir les coureurs au Montée du Morond ? ». Curieux comme toujours, j’ai décidé cette année de m’y intéresser de plus près, et d’y consacrer mes baskets… et un article.
Un éventail de parcours pour tous les profils
Quand on parle de trail dans le Jura, on pense nécessairement aux longueurs, aux dénivelés, aux sentiers techniques. Mais la Transju’Trail a l’intelligence d’ouvrir ses sentiers à un public large. Voici ce qu’on peut y trouver :
- Le 72 km : le parcours « reine » relie Morez à Mouthe, en passant par les crêtes du Risoux, le chalet de la Frasse ou encore Bellefontaine. Plus de 3000 m de dénivelé positif. Réservé aux trailers aguerris.
- Le 42 km : un format « marathon » pour les coureurs expérimentés. Il permet de goûter à l’univers montagnard sans partir pour une journée entière.
- Le 25 km : une distance intermédiaire, idéale pour découvrir le trail dans le Jura dans un format exigeant mais abordable.
- Le 15 km : parfait pour des coureurs en progression ou simplement motivés par l’ambiance et les panoramas.
- Le 10 km marche nordique : ouvert à tous, randonneurs du dimanche comme habitués à la pratique sportive.
- Le 5 km et courses enfants : pour faire participer toute la famille à la fête.
Chaque tracé a ses spécificités : passages en forêt, crêtes ouvertes sur la vallée de Joux, montées raides suivies de descentes techniques. Tout est parfaitement balisé, et la sécurité est assurée par des bénévoles passionnés. Un vrai travail d’organisation qu’il convient de souligner.
Une ambiance chaleureuse, loin des clichés
Loin de l’image parfois élitiste que l’on prête au trail, la Transju’Trail cultive un esprit de simplicité et d’entraide. Oui, on y trouve des coureurs affûtés venus chercher une performance, mais on y croise surtout des passionnés de nature, de course à pied ou tout simplement de nouveaux défis personnels.
Les villages traversés s’animent pour l’occasion : cloches à vache, encouragements le long des chemins, ravitaillements garnis de saucisse de Morteau et de fromage du coin. C’est aussi ce mélange de cultures entre la Suisse voisine et le Haut-Jura français qui fait tout le charme de l’événement.
À Prémanon, une dame à l’entrée de sa ferme m’a salué avec un grand sourire en me lançant : « Courage ! Encore deux épingles et c’est le col ! ». Pas d’inscrit cette année chez elle, mais elle encourage « tous ses coureurs » avec le même enthousiasme. Ce genre de détails rend la course humaine, et franchement attachante.
Un défi physique… mais accessible avec un bon entraînement
Contrairement à certaines idées reçues, participer à la Transju’Trail ne demande pas des capacités de surhomme. Pour les distances les plus longues évidemment, un entraînement structuré est nécessaire. Mais sur le 15 ou le 25 km, nombre de participants viennent simplement avec une bonne condition physique générale, et l’envie de profiter.
J’ai préparé mon 25 km sur une base de deux sorties par semaine. Une sortie courte en semaine, souvent autour du Suchet ou du Mont d’Or, et une sortie plus longue le week-end. Alterner course et marche dans les parties les plus raides, travailler l’endurance, maîtriser son rythme : voilà les clefs.
Si vous êtes débutant et que vous aimez crapahuter en montagne, la Transju pourrait bien être votre première course. Et si l’envie vous prend au fil des kilomètres, les formats supérieurs sont des objectifs à portée, pour d’autres éditions.
Une course respectueuse de l’environnement
Dans un massif aussi préservé que le Haut-Jura, il serait impensable de ne pas aborder l’empreinte écologique d’une telle épreuve. L’organisation y est très attentive : signalétique biodégradable, interdiction des gobelets en plastique, co-voiturage encouragé, balisage discret retiré immédiatement après l’épreuve.
Les coureurs sont d’ailleurs systématiquement briefés sur ces aspects. Il y a le plaisir de l’effort, certes, mais aussi la responsabilité de ne laisser aucune trace. Et ça marche : sur l’ensemble du parcours que j’ai suivi, aucun détritus, aucune bâche oubliée, simplement des chemins retrouvant leur quiétude dès la fin du week-end.
La faune et la flore locales, parfois sensibles (notamment autour des zones humides entre Bellefontaine et Bois d’Amont) sont respectées grâce à des parcours soigneusement définis avec les acteurs du terrain. Un bon exemple d’événement sportif en symbiose avec son environnement naturel.
Se loger, manger, profiter sur place
Participer à la Transju’Trail peut être l’occasion de passer un week-end prolongé dans la région. C’est ce que j’ai fait, en m’installant à Mont d’Or (Les Rousses côté français), à 20 minutes du départ de la plupart des parcours.
De nombreux hébergements sont disponibles : gîtes, hôtels familiaux, chambres d’hôtes. L’ambiance y est détendue, souvent rustique, mais toujours accueillante. Le soir de la course, rien de tel qu’une fondue au Comté local ou une assiette de croûtes jurassiennes pour se remettre d’une bonne suée. Plusieurs restaurants proposent même des formules « récupération du coureur ».
Si vous êtes accompagné, sachez que la région propose de multiples activités : balade autour du Lac des Rousses, visite de la fromagerie de Morbier, ou encore découverte du Fort des Rousses. Le dimanche, un marché de producteurs locaux permet de repartir avec charcuterie, miel ou vins du Jura.
Comment s’inscrire et s’y préparer ?
Les inscriptions se font généralement en ligne, dès les premiers mois de l’année. Les places partent rapidement sur certains formats, notamment les 25 et 42 km. Le site officiel www.la-transjutrail.com fournit toutes les informations pratiques : tracés, profils, horaires de départ, recommandations, conseils de matériel.
Il est recommandé de s’équiper avec des chaussures de trail adaptées, un sac léger, une veste imperméable (le temps peut être capricieux sur les hauteurs), et une réserve d’eau personnelle. Une tente de ravitaillement est disposée tous les 10 à 15 km environ.
Les jours précédents la course, pensez à bien dormir, à éviter les excès gastronomiques (le morbier attendra), et à bien reconnaître les parties du parcours si vous en avez la possibilité.
Pour ma part, je me suis contenté de monter au Morond en mode repérage une semaine avant. Rien que le panorama vaut le trajet : vue plongeante sur les vallées, avec par temps clair, un aperçu des Alpes suisses à l’horizon. De quoi se motiver.
Une aventure à vivre, que l’on soit coureur… ou spectateur
Vous n’aimez pas courir ? Ce n’est pas un problème. La Transju’Trail, c’est aussi un événement pour les familles, les amis, les promeneurs. De nombreux spectateurs se positionnent au fil des sentiers pour encourager, prendre des photos, ou simplement profiter de l’ambiance.
Certains points d’accès (comme le col de la Faucille, le Fort des Rousses, Bellefontaine) permettent de voir passer les coureurs dans des décors typiquement jurassiens. N’oubliez pas la cloche et de quoi vous protéger du soleil — les journées de juin peuvent surprendre.
J’ai croisé une famille entière installée juste après le point ravito de Lamoura : transats, jumelles, sandwichs maison, pancartes pour les coureurs. « C’est notre quatrième année, on vient tôt, on installe, et on reste toute la journée », me confie le père, ravi.
Preuve que la Transju’Trail n’est pas uniquement une course, mais bien une occasion de vivre la montagne différemment, autour d’un événement humain, accessible, et profondément enraciné dans le territoire jurassien.
Alors, prêts à chausser vos baskets et à découvrir le Jura autrement ?
